Le lundi 16 novembre, l’AfD a assisté au webinaire : « Protéger l’éducation et relever les défis de la protection de l’enfance en Afghanistan », avec la participation des missions permanentes de l’Afghanistan, de la Norvège et de la Suède auprès des Nations Unies à Genève, la Coalition mondiale pour la protection de l’éducation contre les attaques (GCPEA), Save the Children International et le bureau de pays en Afghanistan, UNICEF Afghanistan et World Vision. Une initiative visant à relever les défis et les progrès réalisés en matière de protection de l’éducation en Afghanistan.
Par Maude Girard – Action for Development – 16 Novembre 2020
La crise du COVID risque de défaire les progrès réalisés
« Nous avons constaté un progrès depuis 2001. Jusqu’à 7% des filles aujourd’hui sont scolarisées. C’est un progrès remarquable. Mais encore aujourd’hui, 3,7 millions – un nombre important donc – d’enfants ne sont pas scolarisés. Et 60% d’entre eux sont des filles », a déclaré Christopher Nyamandi, directeur national de Save the Children Afghanistan. Avant d’ajouter « entre 14 et 17 millions de personnes auront besoin d’une aide humanitaire, y compris une aide alimentaire, en Afghanistan, dont 7 millions d’enfants. Bien qu’il y ait eu des progrès, la crise du COVID-19 menace les résultats obtenus jusqu’à présent et nous devons maintenant, plus que jamais, nous réunir à nouveau, y compris le gouvernement, les donateurs et la société civile pour ramener les enfants à l’école ». Souligner les progrès accomplis semble avoir été l’une des priorités de cette conférence. Et cela non seulement pour identifier les besoins actuels mais aussi pour déterminer avec encore plus de pertinence les nécessités urgentes et futures, en particulier dans un contexte de pandémie mondiale et un processus de paix instable.
Protection de l’éducation, les étapes positives
Des progrès ont également été notés en ce qui concerne la protection de l’éducation. « L’utilisation militaire des écoles a diminué dans le pays ces dernières années. Et surtout depuis que le gouvernement a approuvé la Déclaration sur la sécurité dans les écoles en 2015 », a expliqué Marika Tsolakis, chercheuse senior auprès de la Coalition mondiale pour la protection de l’éducation contre les attaques (GCPEA). Elle a également souligné un certain nombre de mesures positives : « Nous avons vu un excellent travail de mise en œuvre de la Déclaration sur la sécurité dans les écoles par le gouvernement et les partenaires travaillant sur le terrain. Par exemple, nous avons vu que l’analyse des risques et la stratégie ont contribué à prévenir les attaques contre les écoles lors de l’élection présidentielle de 2019, alors que de nombreuses écoles étaient utilisées comme bureaux de vote. Nous avons également noté que la feuille de route de 2019 pour la paix faisait référence à la protection des écoles et de leur utilisation à des fins militaires. Et, enfin, le gouvernement élabore un cadre complet de sécurité scolaire pour consolider davantage les acquis ».
Pourtant, la récente attaque contre l’université de Kaboul, tuant 19 étudiants et en blessant d’autres, met en évidence non seulement la fragilité des institutions afghanes, mais aussi le fait que les établissements d’enseignement sont toujours régulièrement les cibles d’attaques. « Près de 1 500 étudiants et membres du personnel éducatif ont été tués ou blessés lors d’attaques contre l’éducation au cours des 5 dernières années en Afghanistan. C’est vraiment une question cruciale pour la protection et l’éducation des enfants en Afghanistan », a rappelé Marika Tsolakis. Les attaques contre 40 écoles réservées aux filles entre les années 2018 et 2019 mettent en évidence la grave menace qui pèse sur l’accès des filles à l’éducation et à la réalisation de l’égalité entre les sexes dans le pays.
Éducation et genre
Les panélistes ont également beaucoup insisté sur le lien entre la sécurité et l’accès à l’éducation des filles. « Dans l’enseignement primaire, le taux d’achèvement des filles serait de 67%, lorsque vous passez à l’enseignement secondaire, il tombe à 14% pour les filles, contre 60% pour les garçons. L’une des principales raisons des faibles taux de fréquentation est le manque de sécurité. Les parents / familles hésitent à exposer les enfants, en particulier les filles, à des situations dangereuses en les envoyant à l’école sachant qu’ils doivent parcourir de longues distances et qu’ils sont exposés au risque d’explosions ou que les écoles sont la cible d’un conflit armé », a rappelé Erinna Dia, chef de programme Éducation pour l’UNICEF en Afghanistan.
Une solution qui semble englober les différents défis est l’enseignement communautaire car il représente « un moyen de relever tous les défis non seulement en termes de sécurité, mais aussi en ce qui concerne la disponibilité des enseignantes à l’école. Au fur et à mesure que nous progressons dans le système éducatif, nous avons remarqué que les filles ont des chances de rester à la maison parce que les parents sont mal à l’aise de les voir exposées à des enseignants masculins pendant une longue période ». Par ailleurs, une évaluation a montré que les enfants diplômés de l’enseignement communautaire ont un apprentissage équivalent à ceux qui fréquentent les écoles formelles. Il offre également une alternative économique pour les familles. Et cela augmente considérablement la participation des femmes (étudiantes et enseignants), tout en s’attaquant à la pratique répandue du mariage des enfants et du travail des enfants.
En luttant pour que les enfants défavorisés atteignent leur plein potentiel tout en réduisant les inégalités, la pauvreté et le travail des enfants, Action for Development s’emploie à offrir l’accès à l’éducation aux enfants des rues, ainsi qu’aux enfants handicapés tout en veillant à encourager l’inscription des filles à l’école et à fournir une formation professionnelle aux femmes adultes.
Pour en savoir plus sur le programme d’éducation de l’AfD et pour nous soutenir : https://www.globalgiving.org/projects/support-education-for-marginalized-children-kabul-afd/